La liberté religieuse

Intervention de soeur Chantal de la Forge au cours de la célébration de l'anniversaire de l'ouverture du concile Vatican II, le 7 oct 2012 à la cathédrale de Cambrai.

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 Déclaration sur la liberté religieuse

Du droit de la personne et des communautés à la liberté sociale et civile en matière religieuse.

 

     En abordant dette déclaration, nous ne pouvons pas ne pas avoir présents à la pensée, au cœur, à notre prière, tous ceux et celles qui aujourd’hui savent dans leur corps et dans leur cœur « le prix à payer » pour garder leur liberté de conscience et leur liberté religieuse, quelque soit leur religion.

 

     Texte attendu comme test, comme preuve du succès ou de l’échec du concile par les non-catholiques et les non-chrétiens, mais aussi par beaucoup de catholiques.

 

     L’enjeu en est considérable, aussi ne faut-il pas s’étonner que ce texte se soit heurté à des résistances les plus vives et les plus fondamentales et qu’à six reprises cette déclaration dut retourner sur l’établi avant d’être enfin votée la veille de la clôture du concile.

 

     Cet enjeu manifeste il y a 50 ans, l’est encore plus aujourd’hui !

« C’est pour que nous soyons vraiment libres que le Christ nous a libérés » Libres de penser, de donner sa foi, libres pour aimer, libres pour servir. Cette liberté est d’abord un chemin intérieur personnel que personne ne peut entraver (cf J.Sommet) mais elle est, inséparablement, un chemin collectif d’engagement social et politique, et bien souvent un combat pour que toute personne, tout peuple, puisse choisir librement en qui, en quoi, il veut mettre sa foi et agir en conséquence.

 

     Les premiers mots de cette déclaration en expriment toute la portée, il s’agit de

« la dignité de la personne humaine » et le concile pose ainsi cette dignité :

 « En vertu de leur dignité, tous les hommes par ce qu’ils sont des personnes, c’est à dire doués de raison et de volonté libre, et donc pourvus d’une responsabilité personnelle, sont pressés et même tenus, par obligation morale, à chercher la vérité en particulier celle de leur lien à Dieu, à y adhérer quand ils pensent l’avoir découverte et à y conformer leur vie.

 

     La déclaration universelle des droits de la personne humaine, en fait un droit fondamental : « toute personne a droit à la liberté de pensée, de conscience et de religion ; ce droit implique la liberté de changer de religion ou de conviction, ainsi que la liberté de manifester sa religion ou sa conviction seule ou en commun, tant en public qu’en privé, par l’enseignement, les pratiques, le culte et l’accomplissement des rites. ( DUDH 18). Le conseil de l’Europe, par le biais de la cour européenne des droits humains veut défendre le « droit à la liberté de pensée, de conscience et de religion »

 

     Benoît XVI multiplie les appels à la liberté religieuse en se basant sur la déclaration universelle des droits humains. Il le fait dans l’esprit de la déclaration de la liberté religieuse du concile en affirmant « Elle constitue le patrimoine de la famille toute entière des peuples de la terre et pas seulement des croyants »  

 

     Comme toute liberté, elle a des bornes, celles de « l’ordre public » et nous savons combien il est difficile de s’entendre par exemple entre liberté d’expression et dénigrement ou diffamation des religions.

 

     Un théologien allemand vient de remettre un rapport à l’ONU montrant que « les religions d’état officielles s’accompagnent presque systématiquement de conséquences négatives sur les minorités religieuses ». Malheureusement les informations ne font que le confirmer concrètement au quotidien.

 

     Nous sommes le 7 octobre, il y a 4 jours, à Paris, un nouvel observatoire a vu naissance « l’observatoire du pluralisme des cultures et des religions »

Son objectif : « Recenser les atteintes de plus en plus fréquentes et de plus en plus graves à la liberté de conscience, à la liberté d’expression et à la liberté religieuse à travers le monde ».

 

     Si aujourd’hui, la liberté religieuse semble se dégrader dans beaucoup de pays entraînant l’exil de nombreux groupes religieux (chrétiens d’Irak), l’islamophobie, un regain d’antisémitisme, il est sûr aussi que nous sommes beaucoup plus alertés et prêts à défendre cette liberté religieuse.

 

     Ce soir deux questions :

- Sommes-nous conscients de cette liberté de croire et de vivre selon notre propre foi que nous avons et qu’en faisons-nous ?

- Comment nos rencontres, nos recherches, nos paroles, nos attitudes quotidiennes, nos paroles, nos engagements manifestent comme le dit le concile que « les différentes religions apportent un rayon de la vérité qui illumine tout homme » (RNC2 Déclaration sur les relations de l'Eglise avec les religions non chrétiennes )

 

PS : Synode sur la nouvelle évangélisation.

 

Que l’Esprit de la rencontre et du dialogue interreligieux d’Assise (27/10/87) nous habite, il y va de la fraternité humaine, celle des enfants d’un même Père.

 

« Il y a beaucoup de demeures dans la maison du Père » Jn 14

 

Soeur Chantal de la Forge

 

(Voir textes des autres intervenants de ce jour-là )

Article publié par Equipe Cathocambrai.com • Publié le Vendredi 19 octobre 2012 • 3185 visites

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